Il s'est érigé en ennemi de l'islamisme mais introduit chacun de ses discours par des versets du Coran. A 88 ans, Béji Caïd Essebsi représente désormais l'avenir de la Tunisie. Lui, l'homme du passé – qui a exercé la plupart de ses activités politiques sous la présidence d'Habib Bourguiba avant de s'effacer sous l'ère Ben Ali et de revenir sur le devant de la scène politique après le départ de ce dernier, le 14 janvier 2011–, a été élu dimanche soir président de la République tunisienne.
Depuis le début de la campagne présidentielle tunisienne, Béji Caïd Essebsi a tout fait pour que l'on ne lui parle plus de son appartenance passée au RCD, le parti de l'ex-dictateur déchu Ben Ali. Béji Caïd Essebsi veut bien représenter l'Ancien régime, oui, mais celui du Destour, le parti qui a mené la Tunisie à l'indépendance en 1956. «Cela fait plus de dix ans que je ne lui ai pas adressé la parole…», assurait BCE à propos de Ben Ali, préférant se référer à Bourguiba, dont la plupart des Tunisiens – même ceux qui ne l'ont pas connu – sont nostalgiques. «Si Bourguiba était vivant, il voterait pour moi !», avait osé Béji, fin octobre, avant d'aller se recueillir au mausolée du père de l'Indépendance dans une mise en scène mitterrandesque.